Bonjour Michel. On ne te présente plus. Parallèlement à tes propres projets, tu as participé ces 30 dernières années à de nombreux ensembles européens des plus intéressants: Mégaoctet d’Andy Emler, Tous Dehors, Klaus König Orchestra, Pyromanes, MÄÂk, Marc Ducret Quintet, Print, Thôt agrandi, Aka Moon, Kris Defoort Dreamtime, Henri Texier… Qu’est-ce qui t’as amené à faire de la musique ?
C’est assez simple. Je viens de Braine-Le-Château et mon papa jouait de la clarinette et du saxophone dans la fanfare du village. A 10 ans, j’ai été à l’école de musique de la fanfare, et l’année suivant, à l’académie de Tubize. J’ai eu mon premier salaire en tant que musicien à 15 ans.
Avec la fanfare ?
Non. On m’avait engagé comme trompettiste.
La trompette était ton premier instrument ?
J’ai commencé par le saxophone, mais je n’aimais pas et je n’en ai fait que six mois. Donc oui, la trompette. A l’académie de Tubize, mon professeur était un super tubiste et tromboniste. J’aimais déjà bien le trombone, et un jour mon professeur m’a fait remarquer qu’il y avait très peu de tubistes. Il m’a prêté un euphonium qui est le petit tuba. Je l’ai essayé pendant deux semaines et c’était incroyable. Je pouvais jouer tous mes morceaux de trompette, mais en plus, je pouvais tenir 6h d’affilée. Ça allait tout seul et la tessiture était beaucoup plus grande. J’avais 4 octaves de registre alors que j’en avais 2,5 à la trompette, 3 en poussant dans les aigus, mais ça fait mal aux oreilles.
L’endurance est plus facile au tuba qu’à la trompette ?
Oui, quand je joue le sousaphone ou le tuba basse et que je fais les lignes de basse, je n’arrête pas pendant 2-3 heures. A la trompette, c’est impossible, à part pour quelques forcenés. Sur une trompette la tension est plus forte et donc les muscles se fatiguent plus vite. Le trombone, c’est un compromis entre les deux. L’embouchure est plus large. Bien que je me sente toujours trompettiste dans l’âme, j’ai une affection pour la voix ténor qui est intermédiaire et j’aime bien aussi le côté bassiste. En fait, j’aurais bien voulu être violoncelliste. Mais, quand j’ai eu envie, ce n’était déjà plus possible. Si à 10 ans on m’avait directement mis au violoncelle, aujourd’hui je serais peut-être violoncelliste…
J’aurais voulu être violoncelliste.
Quelle a été la suite de ton parcours avec le tuba ?
Vers 17 ans, mon professeur m’a informé que dans une année il y aurait un examen pour rentrer à l’orchestre national. Mais pour y participer, je devais jouer du tuba basse. Je m’y suis mis et vers mes 18 ans, j’ai passé l’examen que j’ai réussi. Mais, je n’ai pas été pris à cause de mon instrument qui n’était pas suffisamment bon. Je n’avais pas les moyens d’en acheter un de qualité à l’époque. Mais bon, c’est comme ça que j’ai pu commencer à travailler à l’orchestre symphonique. J’ai gagné des concours, je suis rentré au conservatoire, d’abord à Mons et puis à Liège. J’ai fait des concerts en tant que soliste avec orchestre symphonique. J’ai aussi été au conservatoire de Paris. Ensuite, j’ai rencontré Henri Pousseur et Garrett List à Liège, et presque immédiatement j’ai commencé à travailler avec eux. J’étais dans la classe de Garret et dans celle de musique de chambre de Jean-Pierre Peuvion, ce qui m’a permis à l’époque de rentrer dans l’Ensemble Musiques Nouvelles. C’est de là que vient mon côté « musique contemporaine de création ». Et puis, j’avais aussi des potes au conservatoire qui étaient compositeurs, comme Claude Ledoux. Je connaissais bien aussi Philippe Boesmans dont j’ai joué quelques pièces.
C’est une double casquette stylistique qui a commencé très tôt.
Michel Massot – Oui, tout de suite. Liège c’était la première école de jazz avant l’ouverture des sections jazz dans les conservatoires. J’y ai participé. En dilettante, mais quand même, j’ai rencontré Dennis Luxion, Richard Rousselet et des gens comme ça. C’est à cette époque-là, qu’on a monté Trio Bravo avec Fabrizio Cassol et Michel Debrulle, et qui est à l’origine de Trio Grande. J’avais aussi un autre groupe avec Fabrizio aux côtés du flûtiste Pierre Bernard et du clarinettiste Vincent Jacquemin, qui est décédé depuis. Et également un petit ensemble avec le pianiste et compositeur Frederic Rzewski et Geneviève Foccroulle. Puis, Trio Bravo a eu un essor considérable qui a lancé ma carrière internationale. J’ai été engagé à Paris en musique contemporaine, et par Andy Emler et d’autres… Ca a été vite en fait. A 25 ans, je commençais à voyager.
J’aime les projets dans lesquels je suis aussi impliqué au niveau de la composition.
Comment est-ce que tu choisis parmi les propositions que tu reçois ?
J’aime bien les projets dans lesquels je suis aussi impliqué au niveau de la composition. C’est le cas avec Trio Grande, Rêve d’Eléphant Orchestra, Florizoone/Horbaczewski/Massot, Mäâk, MikMäâk et la fanfare Babelouze pour laquelle j’écris tout le répertoire. Avant, je jouais aussi en France dans Pyromanes avec Denis Charolles, David Chevallier et Yves Robert. Et avant ça avec l’ensemble Tous Dehors de Laurent Dehors. Et là, on vient de recommencer. Il a engagé des jeunes musiciens, dont sa fille Fanny Martin, et le trompettiste Christian Altehülshorst qui joue également dans Rêve d’Eléphant Orchestra. Ce sont tous des groupes pour lesquels je me suis investi au niveau de la composition.
Et puis, il y a des projets pour lesquels tu es invité comme celui d’Aurélie Dorzée ou Tomassenko d’Olivier Thomas.
Avec Olivier, j’ai aussi été partie prenante de certains projets. On vient du même village. Je ne le connaissais pas mais mon frère bien. Ses enfants étaient dans la même école que les miens. On s’est rencontré et je me suis intéressé à sa musique. On a beaucoup travaillé ensemble, même au niveau de l’écriture. On a eu un projet pour lequel je faisais des arrangements.
Tu as fait partie de ce foisonnement Liégeois des années 80. Peux-tu nous en parler ?
Michel Debrulle avec le Collectif du Lion est le concepteur et l’initiateur de beaucoup de choses qui se sont passées à Liège. Même la fanfare Babelouze a été créée pour un événement du collectif intitulé « un Eléphant dans la Ville ». A l’origine, c’était une fanfare que j’avais montée avec Olivier Thomas et mes étudiants dans le cadre de l’événement Bruxelles Bravo. J’avais emmené mes étudiants dans ce projet, car la pédagogie représente 50 % de mon travail. Je donne cours à l’académie d’Etterbeek d’improvisation et d’instrument, et j’y ai un ensemble d’ado et la fanfare Babelouze. J’enseigne aussi au Conservatoire de Liège où j’ai repris le cours d’improvisation de Garrett List dans la section classique du conservatoire. C’est un cours qui obligatoire pendant minimum une année. Et j’y enseigne aussi dans la nouvelle section qui s’est ouverte avec entre autres Fabian Fiorini, Marine Horbaczewski, Rudy Mathey, Fanny Vandenbergh, Johan Dupont… autour des musiques improvisées de tradition orale, dont le jazz. Après seulement trois années existence, nous avons une trentaine d’étudiants, ce qui est énorme. Déjà à l’époque avec Garrett, on avait proposé au conservatoire un concept de section autour de l’improvisation. On avait remis un dossier costaud qui avait été accepté. Mais, à l’époque, le 19sciècle avait le pouvoir au conservatoire, et le cours n’avait jamais vu le jour… Puis, la nouvelle directrice, Kathleen Coessens, a vu passer ce projet dans l’historique du conservatoire et l’a défendu. Il a été accepté par la Ministre, mais avec peu de moyens dédiés. Si on parvient à tenir 5 ans, la directrice pourra envisager d’obtenir un budget pour ouvrir une section entière consacrée aux musiques actuelles et éclectiques. Aujourd’hui, 50% des étudiants du conservatoire veulent faire aussi autre chose que la musique du 19ème siècle. A la base Fabrizio Cassol vient aussi du classique. Il était au conservatoire avec moi. On ne vient pas d’une école de jazz. Même chose, pour Kris Defoort. C’était un super flûtiste baroque. Ensuite, il est venu à Liège au cours de piano, puis il a fait ses trucs et est devenu qui il est. Lui et Fabrizio y ont rencontré Philippe Boesmans et ont étudié la composition à ses côtés.
J’ai trois casquettes.
J’ai trois casquettes.
En tant qu’instrumentiste, tu fais un peu de tout : des lignes de basse en 7&1/2, des mélodies gracieuses, mais aussi des choses émouvantes dans le ténor.
Je dirais que j’ai trois casquettes. Je peux jouer la musique écrite de la période baroque à contemporaine. Puis, il y a le jazz. Même si je ne suis pas à proprement parlé un musicien de jazz, j’ai quand même joué avec des musiciens de jazz, notamment avec BJO et Kenny Wheeler. Et quelque part, la moitié de mon écriture est be bop. Et dans mes cours, j’enseigne aussi le phrasé swing ternaire. Ensuite, il y a la musique improvisée. J’en ai l’expérience et j’ai joué avec plein de musiciens, mais c’est un domaine auquel j’aimerais plus me consacrer. Quand on fait de la musique improvisée, donc de la création en direct, il faut oublier la musique classique et le jazz. Il faut tout enlever et faire confiance à ses connaissances. Et surtout, il vaut mieux ne pas phraser jazz ou 19&20ème siècle. Il faut juste trouver un son avec les autres et utiliser toutes les sonorités de l’instrument, dont les mauvais sons.
Tu utilises aussi la technique du chant diaphonique ?
En changeant l’ouverture de la bouche, je sais faire sortir les harmoniques comme sur le didgeridoo, que ce soit en chantant ou sans chanter dans l’instrument. C’est intéressant sur le tuba basse.
Et tu utilises la respiration circulaire ?
Oui, je peux. Mais ce n’a rien d’extraordinaire Tout le monde peux le faire. Il faut juste comprendre comment envoyer l’air avec la bouche tout en prenant l’air par le nez.
J’ai remarqué que dans tes deux trios, vous êtes à chaque fois 2 bassistes, avec Laurent Dehors quand il prend la clarinette basse ou bien Marine au violoncelle.
Oui, et avec Florizoone/Horbaczewski/Massot, on est même trois avec Tuur qui peut descendre assez bas à l’accordéon. Laurent, joue aussi de la clarinette contrebasse, mais, quand il joue la basse et moi le trombone ou l’euphonium, on a la même tessiture. C’est pratique car on peut alterner les rôles sans devoir changer d’instrument.
Il y a aussi des unissons, qui donnent des sons très intéressants.
Oui. Avec ces formules, on doit travailler sur le son et le prendre en compte dans les compositions. On ne pourrait pas simplement jouer des standards comme ça sans les réfléchir au préalable. Laurent Dehors est redoutable avec les harmonies des standards. Il a travaillé ça à fonds au ténor quand il était jeune. Puis, il est revenu à la clarinette. Beaucoup de clarinettistes font cet aller-retour. A un moment donné, ils se rendent compte que la clarinette, c’est quand même quelque chose.
Avec Trio Grande vous allez faire la tournée Jazz Tour en Janvier.
Oui, et on joue aussi à Paris le 5 décembre. On a aussi joué en juin à Groningen. C’est un groupe qui joue régulièrement.
J’ai l’impression qu’il y a quelque chose de télépathique dans ce groupe.
Michel – Cela fait longtemps que l’on joue ensemble. Ma première rencontre avec Michel doit remonter à 1982-83. Trio Bravo, c’était en 1984. Avec Fabrizio, on travaillait aussi l’écriture de la batterie. Michel, qui à l’époque ne lisait pas la musique, a dû bosser pour jouer les trucs qu’on lui demandait. Il écoutait beaucoup de musiques différentes de diverses cultures, et à un moment il s’est mis à écrire et travailler ses propres patterns. Ce qui fait qu’il a un jeu très différents des autres batteurs. Il a la particularité de concevoir et écrire ses parties de batteries parce que dans ses projets les instruments n’ont pas toujours le même rôle. Par exemple, dans une formule comme Trio Grande, il faut un peu réfléchir à ce que tu vas faire.
Vous composez ensemble ou chacun de votre côté ?
On compose chacun de notre côté et on essaie de trouver le son de la composition en groupe. Il arrive dans Trio Grande, qu’une ligne mélodique soit écrite mais sans précision sur l’instrument qui va la jouer. Laurent est plus précis dans ses compositions, c’est souvent lui qui a le dessus et moi le dessous. Mais parfois, je propose d’inverser et ça sonne mieux. Mais bon, ça je pense que c’est le propre de tous les groupes. Tu ne peux pas arriver dans un groupe de jazz et dire : « Maintenant, tu joues ça ». Ce n’est pas possible.
Il y a tous les degrés. Certains préparent beaucoup et répartissent à l’avance et d’autres viennent avec de la matière et voient ce qu’il se passe en répétition.
Et même en travaillant avec des compositeurs de musique contemporaine, il arrive parfois que l’on doive faire des propositions parce que ce qui écrit n’est pas jouable sur l’instrument. Quand tu fais une création et que tu connais le compositeur, il arrive que des choses se transforment. Tout n’est pas figé.
En en moment, vous avez aussi une tournée avec Tuur et Marine.
Oui, on a une vingtaine de dates, principalement en Belgique, mais aussi en Hollande. C’est une tournée de présentation de notre nouveau disque à paraitre intitulé « Lignes de fuite ». On l’a enregistré en partie au Studio de la VRT et chez Tuur en mai avant de partir jouer en Chine.
Vous enregistrez à trois dans la pièce ?
On a commencé comme ça mais ce ne marchait pas. Finalement, on a fonctionné avec des casques dans des pièces différentes. Ce n’était pas spécialement évident, car à cette période nos agendas étaient fort chargés et on n’a pas eu beaucoup de temps pour se préparer. On a fait ça très vite. Mais comme cela fait 18 ans que l’on joue ensemble, on va aussi très vite. Donc, quelque part c’était assez libre. Dans ce trio tout le monde compose aussi pour le groupe.
J’ai l’impression que tu préfères les groupes collectifs, plutôt que ceux de sidemen qui viennent soutenir un leader ?
Oui. Par exemple, dans MikMäâk, chaque musicien est capable d’écrire un morceau pour le groupe. C’est pour ça qu’ils ont été choisis. Je trouve ça bien. Cela rend tout le monde égal dans le groupe. Il n’y a pas de hiérarchie. C’est parfois plus compliqué que d’arriver dans un groupe et de jouer ce que l’on te dit, mais je préfère les rencontres collectives.
Je préfère les rencontres collectives.
Et ce sont souvent des groupes qui perdurent.
Avec Trio Grande, on joue depuis 20 ans ensemble, avec Mäâk aussi, et quasi autant avec Tuur et Marie.
Et la fanfare Babelouze, qui est composée principalement de tes étudiants, c’est un projet pédagogique ?
A la base, j’avais dû écrire de la musique pour une rencontre de fanfares dans le cadre de l’événement « Un éléphant dans la ville » du Collectif du Lion. En parallèle, j’avais aussi fait l’ouverture du Wolubilis. J’avais accompagné un chœur pour l’occasion et puis, la directrice m’avait demandé de monter une fanfare l’année suivante. Il fallait trouver un nom. Babelouze est un des titres du trio pour lequel j’avais fait un arrangement pour la fanfare et je me suis dit : « La fanfare Babelouze, c’est très bien ». On fait un premier album avec Laurent Blondiau en invité. On fait des concerts, mais ce n’est pas toujours évident, car c’est dans le cadre de l’académie et je ne peux pas en faire beaucoup. On joue tout de même en dehors de ce cadre et parfois même pendant les vacances. On a joué dans des festivals, Jazz sous les Pommiers, le Gaume Jazz, Comblain-La-Tour, mais aussi à Bozar… Il y a eu une rencontre avec des musiciens vaudou du Bénin. Sur le premier album, il y a 40 musiciens. Il y en a pas mal qui ont fait leur vie depuis, notamment beaucoup de français qui sont rentrés au pays. Il doit rester cinq musiciens de l’époque du premier disque et aujourd’hui, on est 50 et à 60% féminin. A un certain moment, il y avait une majorité de femmes. Aujourd’hui, c’est assez équilibré entre les postes, à part pour l’euphonium, où il n’y a que deux hommes. Je ne sais pas pourquoi. C’est un orchestre amateur mais il y a plusieurs musiciens de la fanfare qui sont devenus pro. Il y a aussi des jeunes comme Andreï et Zéphyr qui ont commencé à 11 ans et 9 ans dans la fanfare et qui sont au conservatoire. Certains sont au conservatoire pour un autre instrument mais ont le trombone ou l’euphonium comme deuxième instrument. Certains sont des personnes plus âgées ou qui ont commencé la musique dans leur vingtaine. Il y a beaucoup de comédien, dont certains qui ont commencé la musique pour une pièce de théâtre et qui ont continué. Il y a aussi quelques personnes du cirque.
Il y a eu des rencontres avec le cirque…
Il y a eu des rencontres avec le cirque…
J’ai l’impression que ce sont deux disciplines qui te parlent. Quand on te voit en concert, il y a évidemment la musique mais il aussi tout un mouvement parfois légèrement burlesque, notamment dans certains sons.
C’est peut-être l’instrument qui fait ça. Avec Trio Bravo et Olivier Thomas, il y a eu des rencontres avec le cirque. Il y a notamment eu une résidence au festival Jazz sous les Pommiers autour de la rencontre entre le cirque et la musique. Tuur Florizoone faisait aussi du cirque avant. Avec Olivier Thomas on a aussi fait des pièces de théâtre. Je viens encore d’en faire une intitulée « Les oiseaux » avec des ados réfugiés de 15-18 ans. On a joué au théâtre national. J’ai participé à l’écriture de la musique pour la pièce. Je n’intervenais pas en tant que comédien, mais les autres instrumentistes bien. Le but était de faire un orchestre de comédiens sauf moi ! C’est marrant, parce que justement cet été je me promenais à Buis-les-Baronnies où je vais depuis longtemps, et je tombe sur une connaissance qui manquait de participants pour son stage de clown. On était deux et on s’est dit : « Pourquoi pas ». Le plus extraordinaire, c’est qu’elle nous demandait de virer le mental. C’est proche de l’improvisation quelque part. Mais, quand tu fais une action, il y a quand même un truc mental qui se passe. Ce qui est compliqué, surtout quand on est musicien, c’est de ne pas se laisse guider par le cerveau. En improvisation, quand on commence à se poser des questions, on sait bien que c’est mauvais signe, et que c’est déjà trop tard… N’empêche, c’était une bonne expérience et j’en ai parlé hier à mon cours d’improvisation au conservatoire. En fait, en tant que musiciens, on devrait faire un stage de clown sans instrument avec un nez rouge. La danse est aussi une discipline très présente. Que ce soit avec Kris Defoort « Dreamtime » ou avec Michel Debrulle. Au départ, Rêve d’Eléphant, c’est un spectacle de danse. Michel avait un duo avec une danseuse et pour une performance prévue dans un festival, elle était malade et il m’a demandé si je pouvais la remplacer. J’ai écrit la musique et après on a fait le spectacle à trois. Il avait aussi commencé un trio de percussions avec Stephan Pougin et Etienne Plumer et il s’est dit que ce serait bien de réunir quelques musiciens autour. Il a demandé à Pierre Bernard qui est dans l’histoire du Collectif du Lion depuis très longtemps, au guitariste Jean-Yves Evrad et à Laurent Blondiau que je venais de rencontrer. Et, notre deuxième album était l’enregistrement d’une musique écrite pour un spectacle de danse. J’ai également eu des expériences avec des danseurs dans l’improvisation et pour une pièce que Philippe Boesmans avait écrite pour moi et un petit orchestre. J’ai aussi travaillé à Montpellier, avec une compagnie pour laquelle Michel Godard avait fait la création et moi la tournée. Et puis, dans Bakanaï, Laurent Blondiau travaille avec des danseurs et ça m’arrive d’intervenir avec eux et de danser !
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